Crêtes de l'Aiguillette

Date : 13/02/14 Difficulté : Moyenne
Accompagnateur : J.-P. Blanchet
Coordonnées UTM :
Participants : 25 Départ : Curnier Parking du cimetière
Longueur : 15 km Pique Nique :
Dénivelée : 1000 m Autres :
Carte IGN TOP 25 n° : 3139 OT
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 20 km N

 

Commentaires techniques :

Néant.

Compte-rendu :


Curnier, petit village de 200 habitants, où se rencontrent les eaux abondantes de l'Eygues et de l'Ennuye, à l'écart de la route de Gap, connu pour sa foire aux chiens annuelle, semble bien endormi en ce matin pluvieux. Malgré sa discrétion, d'illustres personnages vinrent ici et s'y arrêtèrent parfois... Non, il ne s'agit pas des 25 Randouvéziens présents devant le petit cimetière, toujours impatients de gravir les pentes de nos Baronnies. Ils furent précédés en ce lieu par des personnalités hors du commun. Louis Mandrin, ce bandit-gentilhomme en lutte contre les tristes fermiers-généraux de l'Ancien Régime, chargés de collecter l'impôt pour le compte du Roi, y aurait fait des haltes régulières (attestées par les registres !) à l'auberge du pont, le temps de ferrer ses chevaux au cours de ses périples entre Savoie et Dauphiné. Puis le jeune ingénieur normand Augustin Fresnel, inventeur de la lentille à échelons portant son nom, y séjourna pour activer la construction de la route des Gorges de l'Eygues, de Nyons à Serres, dont il fut chargé de diriger le chantier par l'Empereur Napoléon Ier de 1812 à 1815, avant d'être emprisonné à Nyons (pour anti-bonapartisme !).
Quant à nous, sous la conduite de Jean-Pierre, notre guide du jour, nous allons donc traverser le village, comme le fit Hannibal qui, dit-on, serait passé ici, avec son armée par la rive gauche de l'Ennuye, le 24 Octobre de l'an 218 avant Jésus-Christ (quelle précision !). Sur les traces de ces illustres prédécesseurs, nous passons devant la fontaine et le lavoir qui trônent sur la placette et déjà attaquons la première ascension du jour. L'objectif annoncé : les Crêtes de l'Aiguillette qui dominent la vallée. De là-haut, c'est aussi Montaulieu, un petit village agricole autrefois spécialisé dans la production de plâtre avec ses mines et ses fours, que l'on peut découvrir. Le mauvais temps de l'après-midi ne permettra pas d'aller jusque là.
La réputation de marcheur émérite de notre chef nous promet une belle journée sportive ! Profitons-en, sans oublier pour autant l'agrément de découvrir les sommets baronniards. Vite, quittons la petite route et engageons nous sur le sentier en surplomb de l'Ennuye qui permet de profiter de la vue sur Arpavon, en face, au pied de la Buisse. Déjà se profile, toute petite, la silhouette de Notre-Dame de Consolation où nous ferons plus tard une halte. Bien évidemment, c'est aussi Angèle la Belle qui ne nous quitte pas des yeux dans cette première partie de la randonnée : elle s'est couverte depuis quelques jours de son manteau d'hiver qui adoucit encore ses courbes voluptueuses. A chaque regard vers elle, nous regrettons de ne plus pouvoir y randonner depuis que l'accès en a été interdit par les propriétaires des pâturages.
La montée alterne avec quelques descentes qui permettent de souffler mais aussi d'apprécier mieux encore l'environnement. L'Eygues déroule son cours tumultueux tout en bas. Le terrain est rendu glissant par les pluies fréquentes mais ce sentier est plutôt facile et varié... jusqu'à ce que Jean-Pierre nous entraîne sur une pente argileuse, où la terre colle aux chaussures. A chacun sa méthode, avec ou sans bâtons, en évitant de se mettre à genoux. C'est le prix à payer pour accéder à la chapelle ! Un arrêt prolongé permettra de faire le tour de l'édifice, sur son promontoire, au bout d'une piste jalonnée par un chemin de croix. Reconstruite en 1637 sur le site de la Chapelle Vierge Marie d'Onglon rasée pendant les Guerres de religion, Notre-Dame de Consolation fut restaurée au XIXème et se distingue par ses riches ornements et peintures... que nous ne verrons pas !
Puisqu'il faut bien gagner la pause, soyons courageux et prenons la piste qui mène au-dessus du Col d'Onglon : un bel effort sur ce chemin pierreux, raviné par les pluies. Mais quel plaisir d'aller au bout et de poser les sacs et bâtons pour le pique-nique ! La chance nous sourit, le temps est encore clair pour profiter du paysage, face aux Buisses et au Rocher de Jeanne et Rochebrune que l'on aperçoit à gauche de notre espace-déjeuner. A peine remis sur nos jambes, les premières gouttes de pluie s'annonceront, à la descente vers le col, un peu plus bas.
Si la pluie est un peu gênante, elle n'empêchera pas l'escalade vers le Col de Sierry (719 mètres), d'où partira l'ultime ascension vers les Crêtes de l'Aiguillette (... de canard, aurait dit Bobby Lapointe, par un temps aussi humide). Gérard se sent des ailes et s'offre une escalade en solo qui lui permet de bénéficier du spectacle de notre caravane de fourmis laborieuses. Parvenus au sommet, un rayon de soleil aurait donné au spectacle la lumière qui manque pour sublimer un tel paysage à 360°. Ce belvédère permet de découvrir toute la vallée de Montaulieu et de repérer au-dessus du village la piste qui conduit au Col de Vote sur le flanc de la Montagne d'Autuche. Si l'altitude reste modeste, la crête n'en est pas moins impressionnante.
Poursuivons car la pluie devient plus dense : capes et ponchos sortent des sacs. Francis, comme à son habitude, ferme la marche et joue les Mary Poppins avec son grand parapluie rouge et blanc. Pourvu qu'il ne s'envole pas ! La file indienne des chaperons rouge, vert, bleu, courbant le dos, s'engage alors dans la descente qui mène au Col des Sept Pommiers (699 mètres) puis sur les pentes du Dévès, en sous-bois. Feuilles et rochers mouillés rendent le sol glissant et, plutôt que scruter le ciel et une éventuelle éclaircie, il vaut mieux regarder ses pieds. Il est des jours où la nature n'est pas d'humeur riante, mais la bonne humeur des marcheurs n'en sera pas affectée !
Le retour sera donc tranquille vers notre point de départ. Sur les quelques hectomètres de bitume que nous retrouvons, les chaussures paraîtront plus légères après la crispation des orteils sur cette descente glissante. En tout cas, remercions Jean-Pierre de ce parcours agréable et physique, sans temps morts et donnons lui rendez-vous pour la prochaine sortie dont le programme est encore prometteur...
Compte-rendu : Gérard Langlois.