Crêtes de Bluye

 

Date : 26/02/2015
Difficulté : Difficile
Accompagnateur : J.-P. Blanchet
Coordonnées UTM :
Participants : 32  Départ : 31T 0682025 4897550 
Longueur : 18,2 km Pique Nique :
Dénivelée : 1050 m Autres :
Carte IGN TOP 25 n° :  3140 ET
Position par rapport à Buis-les-Baronnies : 20 km S

 

Commentaires techniques :

Néant.

Compte-rendu :

Grosse journée en perspective, Jean-Pierre dont nous connaissons le goût de l’effort nous emmène pour une « promenade » sur son territoire : la « Boucle 27 » ou plus simplement la Montagne de Bluye (prononcer « Bleuille ») dont il assure habituellement l’entretien et le balisage. Cette belle et impressionnante montagne domine la Vallée du Toulourenc sur son versant Sud et constitue la limite entre nos deux départements frères, Drôme et Vaucluse. Le départ se fera depuis le parking au bord du Toulourenc à Saint-Léger du Ventoux, minuscule village de 38 habitants. Et 32 Randouveziens entendent bien relever le défi, d’autant que cette matinée ensoleillée est de bon augure.
Après les quelques dizaines de mètres pour parvenir au sentier sous le cimetière de Saint-Léger, la pente s’élève rapidement au-dessus de la vallée et nous offre les premières vues sur les pentes enneigées de la face Nord du Mont-Ventoux. Nous montons droit vers le soleil… Pourvu que nous n’allions pas trop loin ! Et, comme toujours, l’excès de vêtements retourne vite au fond des sacs. Quel panorama splendide. Le GR 91, dont nous suivrons l’itinéraire jusqu’au sommet de la pente à plus de 600 mètres d’altitude, franchit les Vallats de Glairance, d’Auric, de Combe Girarde, du Peytalet, qui forment autant de croupes au flanc de la montagne. Le Col de Fontaube n’est plus très loin mais, au poteau de Chaussène, nous changeons de cap pour prendre la direction des crêtes de la Montagne de Bluye.
Le ciel est toujours bleu d’azur. Il semblerait que le nom de Bluye vienne justement de la couleur bleu que prend la montagne au coucher du soleil (comme le ciel de Provence). Le sentier du début à flanc de montagne serpente maintenant dans la caillasse grise, caractéristique de ce territoire. L’orientation quasiment identique des différentes montagnes, Bluye, Rocher du Charles, Geine, La Nible prolongée par le Saint-Julien, pratiquement parallèles au Mont-Ventoux, témoigne des mouvements géologiques qui ont structuré la région. En tout cas, la troupe est vaillante sur ce bel itinéraire. Déjà, nous découvrons les paysages du versant Nord : du haut des pentes escarpées des Faysses (prononcer à la provençale : les faïsses, plutôt que les fesses), au-dessus de Saint-Léger, on doit distinguer la Ferme de Bluye et, plus loin, le village de Plaisians et plus loin encore les sommets alpins enneigés. Nous sommes déjà à plus de 800 mètres d’altitude, mais ce n’est pas fini.
La végétation s’épaissit et le chemin redevient petit sentier parmi les buis, méticuleusement taillés par notre guide lors de ses visites annuelles : c’est du beau travail (bon, n’en faisons pas trop !). Au pied d’un buis, bien à l’abri, quelques hépatiques apparaissent déjà. L’heure s’avance, les appétits s’aiguisent, il faudrait bien penser aux choses sérieuses car nous avons bien marché : à peine les premiers affamés ont-ils exprimé leur impatience que la salle à manger s’ouvre devant eux, au soleil, face au Ventoux somptueux, n’ayons pas peur des superlatifs. Vous connaissez la suite, il n’est point besoin de détailler la carte (non, pas la TOP 25 IGN, le menu !).
Et nous ne sommes qu’à mi-chemin, le plus dur, le plus beau peut-être, reste à faire. Le chemin de crête continue dans les buis denses, descend (un peu) et remonte encore pour arriver au point culminant à 1080 mètres. Si le Ventoux est omniprésent et impose sa masse de Géant de Provence, pour autant Bluye permet aussi de profiter de belles vues sur la vallée de l’Ouveze, Le Buis, le Saint-Julien et sur les parois du Chevalet, sur Ubrieux… Dommage que le soleilse soit fait trop discret maintenant. Tout en bas, dort le petit village de Pierrelongue et, à peine visible, son église perchée, Notre-Dame de la Consolation (encore une ! Les Baronniens auraient-ils besoin d’être consolés d’habiter une trop belle région ?). Des plaques de neige rappellent que l’hiver n’est pas terminé et il nous faut être prudents si près du vide au-dessous de nous. La neige, la végétation abondante, les rochers aux formes surprenantes parfois, l’impression de dominer le monde d’en bas, tout cela crée une harmonie dont il faut profiter sans complexes… Avant la suite !
La suite, est un peu moins facile : si près du ciel et de l’extase, il faut bien redescendre et les descentes sont souvent aléatoires. Allons y doucement, assurons notre équilibre, accrochons-nous aux branches… Tout cela dans la bonne humeur, sous l’œil bienveillant de notre seigneur Le Ventoux, et sans une chute ! Ainsi allons-nous rejoindre la route de la Vallée du Toulourenc qui annonce le retour vers Saint-Léger. Pourtant, Jean-Pierre n’en a pas terminé avec son groupe : reprendre la route serait incongru, voire dangereux, et le Toulourenc fantasque mérite un détour. Nous allons donc récupérer un peu plus bas le GR 91 qui en suit le cours. Ce sentier en balcon offre des points de vues impressionnants et, tout au fond, les eaux vertes et impétueuses semblent bien loin. Et pourtant, l’été venu, nombreux sont les touristes et marcheurs à venir y faire quelques kilomètres de « rand’eau ». Au-dessus de nos têtes, les parois sculptées, usées par les eaux millénaires, percées de profondes cavités, sont un spectacle grandiose : encore un superlatif, mais cela est mérité. Des adeptes de l’escalade, comme des araignées géantes, y sont accrochés à leur fil.
La descente vers le torrent se poursuit jusqu’à atteindre le pied des falaises. Celles-ci formant surplomb au-dessus de nos têtes sont impressionnantes, creusées profondément à leur base par le cours d’eau que nous allons suivre jusqu’au petit pont qui nous ramènera sur la rive opposée. Arrêt obligatoire pour la photo des flots tourbillonnants et c’est la dernière ligne droite (si l’on peut dire, car quelques larges courbes et virages masquent encore le village de Saint-Léger qui va bientôt apparaître). Le bitume de la petite route est un peu dur, mais c’est du plat ! Au passage, saluons deux ânes pacifiques qui regardent le groupe maintenant étiré : la distance annoncée, la dénivelée, les cailloux du chemin ont éprouvé les marcheurs.
Nous voilà de retour sur le parking, bien heureux de quitter les chaussures. Les Buxois ont en tête la perspective d’une halte conviviale chez Mouss’ pour clore cette très belle randonnée dont nous remercions Jean-Pierre. Ne manquez pas, chers lecteurs, les photos de Jean qui vous donneront l’envie, à votre tour, de connaître les Crêtes de Bluye !

G. Langlois.